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dimanche 16 mars 2014

L’activité créatrice comme moyen d’évolution



Depuis le commencement de son évolution, l’homme a été désireux de créer. Parmi les instincts les plus forts, les plus tenaces qu’il possède, il y a ce besoin d’être un créateur afin de ressembler à son Père céleste. Et l’art est une des manifestations les plus frappantes de ce besoin de création. On l’observe chez les peuples les plus primitifs, comme le révèlent ces peintures que l’on a retrouvées aux parois de nombreuses grottes sur tous les continents. Et regardez les enfants : dès leur plus jeune âge ils commencent à faire des pâtés de sable, des dessins, des coloriage,s à inventer des histoires, des chansons, des danse,s des déguisement,s à se servir de toutes sortes d’objets comme instruments de musique, etc.

L’art nous révèle que le besoin qu’éprouve tout être humain de devenir un créateur ne se limite pas à se reproduire pour la conservation de l’espèce, instinct que possèdent déjà les animaux ; il se manifeste comme un besoin d’aller toujours plus loin, de faire toujours un pas de plus, de remplacer une forme ancienne par une nouvelle, plus subtile, plus harmonieuse, plus parfaite. Le pouvoir créateur de l’homme réside plus haut que son niveau de conscience ordinaire ; il se trouve dans une partie de son âme qui se manifeste comme faculté d’explorer, de contempler des réalités qui le dépassent et d’en capter les éléments.

Créer, c’est se dépasser, se surpasser. Certains parlent d’imagination… Si on veut ; mais alors il faut savoir que ce que l’on appelle "imaginer" ne consiste pas à inventer des choses qui n’existent pas. Au contraire, imaginer, c’est capter des réalités subtiles qui existent déjà et s’efforcer de les traduire par des mots, des formes, des couleurs, des sons. Et si dans le plan de la réalisation nous sommes limités, car pour réaliser il faut posséder une habileté, une technique qui ne sont pas données à tout le monde, dans le plan de la pensée, du sentiment, du désir, rien ne nous limite. Donc, cet instinct de création que chaque être porte en lui le pousse à dépasser ses possibilités ordinaires et le met en contact avec d’autres régions, d’autres mondes peuplés de créatures supérieures. Et c’est grâce à cette partie de lui-même qui a réussi à se déplacer, à aller plus loin, plus haut, pour capter certains éléments entièrement nouveaux, qu’il peut créer des enfants qui lui sont supérieurs, mais aussi des chefs-d’œuvre qui le dépassent. Car souvent la création est bine plus belle que son auteur. Vous voyez là un petit bonhomme de rien du tout, et c’est ce petit bonhomme qui a produit une œuvre gigantesque, digne d’un géant, d’un titan et dont le monde entier est émerveillé.

Mais si tous les êtres humains ont ce besoin de créer, très peu sont capables d’entrer en contact avec les régions célestes et sont conscients que, pour produire des créations dignes de ce nom, il faut connaître certaines lois, mais aussi s’exercer. De quelle façon s’exercer ? Vous allez le comprendre.

Comment se fait-il que la terre, qui est terne, nue et stérile en hiver, se couvre au printemps et en été d’une végétation si belle et colorée : des herbes, des fleurs, des feuilles, des fruits ? C’est parce qu’à cette période-là, elle se trouve, par rapport au soleil, dans une positon qui lui permet de mieux recevoir sa lumière et sa chaleur et de capter ainsi certains éléments qu’elle est incapable de produire elle-même. Une fois en possession de ces éléments, elle se met au travail et elle donne des chefs-d’œuvre colorés, parfumés, sucrés, nourrissants, qu’elle offre à toutes les créatures. De même, si l’homme veut créer et produire des œuvres remarquable,s il doit apprendre à s’exposer au soleil spirituel et faire des échanges avec lui.

Vous comprenez mieux maintenant pourquoi nous allons le matin contempler le lever du soleil : pour apprendre à créer des œuvres qui lui ressemblent, des œuvres vivifiantes, limpides, pleines de lumière et de chaleur. Le soleil avec sa lumière, sa chaleur et sa vie est un moyen de nous rapprocher de Dieu, de nous unir à Lui, parce que c’est dans ces échanges avec le Seigneur que nous devenons des créateurs, comme Lui. C’est là la raison d’être de la prière, de la méditation, de la contemplation : s’arracher à son état de conscience ordinaire, s’élever au-dessus de soi-même, se déplacer, se surpasser. Pour donner des chefs-d’œuvre inoubliables, éternels, un créateur ne doit pas rester uniquement au niveau des cinq sens, mais grâce à ses corps subtils s’efforcer d’entrer en relation avec le monde divin.

Qu’est-ce que l’inspiration ? L’entrée dans un être humain d’une entité spirituelle. Cette entité qu’il a réussi à attirer prend possession de lui, afin d’exécuter à travers lui ce que lui-même serait incapable de réaliser. Par lui-même, dans son état ordinaire de conscience, l’être humain n’est pas tellement capable de produire des créations géniales, divines, mais en sachant comment les attirer, il peut être visité par des entités très évoluées qui viennent l’inspirer. Si les artistes du passé : architectes, sculpteurs, peintres, musiciens, poètes, philosophes… ont donné de tels chefs-d’œuvre à l’humanité, c’est qu’ils connaissaient certaines lois de la vie spirituelle. Avant de se mettre au travail, ils se recueillaient, méditaient et demandaient la bénédiction du Ciel. Ils recevaient ainsi la révélation de la vraie beauté et la possibilité de l’exprimer et de la transmettre.

Regardez seulement combien de poèmes de l’antiquité commencent par une invocation aux dieux ou aux muses ! C’était une façon de montrer qu’avant de créer, l’artiste doit s’adresser à des êtres supérieurs pour leur demander de participer à son travail. Mais maintenant, où trouverez-vous des artistes qui vont prier et méditer avant de créer ? Ils n’ont pas besoin de l’aide du Ciel ! La majorité des artistes contemporains ont malheureusement oublié ces pratiques tellement salutaires que sont la méditation, la contemplation, la prière ; ils restent dans la prose, dans le bruit, la fumée, ils s’imaginent qu’en vivant une vie désordonnée, passionnelle, ils créeront des œuvres sublimes. Eh non, la majorité ne propose au public que des platitudes, des épouvantails, des monstruosités, des "gargouilles" qui révèlent exactement leur degré d’évolution. Parce qu’ils ont perdu le secret de la vraie création. Ils se justifient en disant qu’ils peignent la "réalité". Mais qu’est-ce que c’est, la réalité ? Il y a toutes sortes de réalités. Ce que nous appelons la "réalité" dépend de notre façon de voir. Et aujourd’hui c’est la mode dans l’art de s’arrêter sur les "réalités" les plus prosaïques, grossières, sordides même. C’est pourquoi les créations contemporaines non seulement ne contiennent plus cet élément d’éternité qui donne un tel prix aux œuvres du passé, mais elles abîment quelque chose dans l’être humain. 

Et il en est de même des philosophes, des romanciers, des poètes qui n’ont jamais fait l’effort de s’élever jusqu’aux régions supérieures de l’esprit : leurs œuvres démolissent ceux qui les lisent en leur inspirant le doute, la révolte, l’anarchie, le désespoir. Alors, étudiez bien les états que ces œuvres font naître en vous. La fréquentation des œuvres littéraires et artistiques ne reste jamais sans conséquences pour personne. En les regardant, en les écoutant, nous nous lions à leurs créateurs, nous commençons à sentir et à vivre ce qu’ils ont vécu, car inconsciemment nous parcourons le chemin qu’il sont parcouru avant nous :: ils nous entraînent dans les régions qu’ils ont visitées. Et c’est là véritablement l’utilité de l’art, le côté éducatif de l’art. Lorsque les artistes ont su s’élever jusqu’au monde divin, jusqu’au sommet de leur être, ils ont rapporté de ces ascensions spirituelles des éléments qui non seulement continuent à travailler en eux, mais apportent des transformations bénéfiques dans le monde entier. Voilà l’idéal d’un véritable artiste, l’idéal d’un Initié.

En somme, les Initiés, les mystiques et les artistes se rejoignent par le fait qu’ils entraînent l’humanité vers le haut ; les artistes par leurs chefs-d’œuvre, les mystiques par leurs vertus et leurs émotions spirituelles, et les Initiés, les grands Maîtres (que je place encore au-dessus parce qu’ils sont le plus près du monde divin) par leur capacité à faire briller la lumière de l’esprit. Les artistes s’efforcent de présenter des formes qui se rapprochent le plus possible de la beauté idéale ; les mystiques, les religieux se consacrent à l’amélioration du domaine psychique, moral, c’est à dire du contenu ; et les Initiés, les grands Maîtres travaillent dans le domaine du sens, c'est-à-dire des idées, des principes. Ces trois catégories d’êtres se rejoignent dans leur désir de faire évoluer l’humanité. Seul diffère le domaine dans lequel ils exercent leur activité. 

Ces trois catégories d’êtres correspondent aux trois principes essentiels dont l’homme est constitué : l’esprit, l’âme et le corps ; l’intellect, le cœur et la volonté ; la pensée, le sentiment et l’action. C’est par ces trois principes que l’homme doit se rapprocher du Ciel. En réalité, les trois sont nécessaires, mais à la première place on doit mettre l’intelligence, le sens ; ensuite la morale, les aspirations mystiques un cœur vaste et sensible ; enfin l’action, le travail, la réalisation. Celui qui veut parvenir à la perfection doit être capable d’embrasser ces trois mondes ; la philosophie, la religion (qui comprend aussi la morale) et l’art.  Les humains espèrent toujours quelque chose de nouveau, en pensant que ce sera mieux, et c’est ce nouveau qu’ils vont chercher dans les expositions, les musées, le théâtre, le cinéma, les concerts, le music-hall… Ils sont poussés par cet instinct de trouver mieux, sans savoir, les pauvres, qu’au lieu de courir après ce mieux dans des lieux matériels, c’est en eux-mêmes qu’ils devraient le chercher, dans les hauteurs de l’âme et de l’esprit. Car même les plus grands artistes sont limités dans leurs moyens d’expression, ils n’ont pas la possibilité d’exprimer exactement tout ce qu’ils voient, entendent ou sentent dans leurs moments d’inspiration. Même des créateurs comme Mozart, Beethoven, Léonard de Vinci, Michel-Ange ou Rembrandt n’ont pas réussi à retranscrire tout ce qu’ils voyaient ou entendaient.

Il ne faut donc pas croire qu’en allant dans les musées ou au concert on a trouvé le meilleur moyen d’évoluer. Evidemment, c’est bien, c’est utile, moi aussi je suis allé dans le monde entier visiter des musées, écouter des concerts, voir des pièces de théâtre. Mais c’est très peu en comparaison de toutes les visites que j’ai essayé de faire dans d’autres régions, et ces régions m’ont révélé des splendeurs auprès desquelles tous les chefs-d’œuvre du monde pâlissent. C’est pourquoi, devant certaines créations, je ne suis pas toujours respectueux ni admiratif. Ce n’est pas ma faute, on m’a montré des réalités tellement plus belles, plus parfaites !

L’intelligence cosmique a déposé en nous cet instinct qui nous pousse toujours à aller plus loin, afin qu’il y ait une évolution, un progrès dans l’espèce humaine. Regardez les plantes et les animaux ; après plusieurs millénaires, ils sont encore à peu près les mêmes, car ils progressent très lentement. Les humains, eux, ont la possibilité d’évoluer beaucoup plus vite, mais à condition de faire des efforts pour développer certaines facultés, sinon ils ne créent pas, ils se contentent de reproduire. Exactement comme les pères et le s mères qui n’ont fait aucun travail intérieur avant la conception de leurs enfants : ils reproduisent chez eux leurs propres faiblesses, leurs propres maladies. Ils croient créer alors qu’ils ne font que reproduire. Seule est créateur celui qui s’efforce de se dépasser, de se surpasser, afin d’attirer les régions célestes des éléments qu’il communiquera ensuite à sa création, et c’est ainsi que ses enfants ou ses œuvres le dépasseront par leur beauté et leur intelligence. La création n’est pas une simple reproduction, une copie, mais un pas en avant, une évolution. C’est parce qu’il est habité par cet instinct de création que chaque être évolue, que le cosmos tout entier évolue. Car, Dieu excepté, tout doit évoluer.

Voilà pour vous tous de magnifiques perspectives, des horizons nouveaux : savoir faire des échanges avec les mondes supérieurs, savoir que la prière, la méditation, la contemplation sont des moyens de création. Vous n’aurez pas assez d’une existence entière pour explorer toutes ces possibilités, tellement elles sont vastes. Et vous pouvez m’objecter tout ce que vous voulez : que les artistes doivent rechercher des formes nouvelles, qu’ils doivent traduire les réalités de leur temps, etc... je vous répondrai qu’ils sont en effet libres de créer comme ils l’entendent. Mais ils doivent comprendre que la véritable mission de l’art, c’est de pouvoir donner aux humains un avant-goût, un pressentiment du Ciel.


Réfléchissez bine. Jusqu’à maintenant vous avez pu vérifier que tous les conseils et les méthodes que je vous ai donnés étaient sensés, bénéfiques ; alors, je vous demande de prendre en considération ce conseil que je vous donne encore aujourd’hui : de vous dépasser, de vous surpasser pour pouvoir devenir des créateurs véritables. 

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